En séance plénière de la Collectivité européenne d’Alsace, nous avons voté une motion de soutien à la volonté des comités sportifs alsaciens : pouvoir choisir leur gouvernance et sortir du Grand Est, conformément à la loi Alsace.
Notre collègue Nathalie Marajo-Guthmuller a évoqué les bâtons dans les roues rencontrés par les ligues de tennis, danse, escrime, handball et bien d’autres !
Pour bien comprendre les enjeux de cette motion concernant les comités sportifs alsaciens, voici son intervention :
» Depuis plusieurs années, de nombreux clubs et comités sportifs souhaitent privilégier une pratique plus en cohérence avec les spécificités du mouvement sportif alsacien.
En effet, la loi NoTRE (Nouvelle organisation territoriale de la République) ayant contraint les ligues sportives à adopter, avant le 1er janvier 2018, le contour des nouvelles grandes régions, sans concertation, ni différenciation adaptée aux pratiques (notamment des jeunes), aux territoires et à l’engagement bénévole, force est de constater que le sport alsacien, aujourd’hui, s’essouffle à n’en subir que des désagréments, à n’en constater, au quotidien, qu’une perte d’efficacité. Les représentants de nombreuses disciplines sportives en font l’amer constat et souhaitent prendre leur destin en main.
Il est bon de rappeler que l’intérêt premier et suprême de chacun, quelle que soit sa fonction, qu’il soit élu d’une collectivité, d’un comité, d’une ligue, d’une fédération, ou membre du gouvernement, doit être celui du pratiquant sportif et celui des indispensables bénévoles, qui constituent le socle de toute vie associative, particulièrement riche et dynamique en Alsace.
Les chiffres sont éloquents : 33% des clubs du Grand Est sont alsaciens ; 36% des licences délivrées dans le Grand Est le sont en Alsace ; 24,2% de la population est licenciée dans un club sportif, sans compter les familles et les bénévoles impactés, devant se déplacer, souvent de façon peu pertinente sur le plan sportif, dans un territoire dont la superficie (57 441 km2) équivaut à deux fois celle de la Belgique…
Des présidents de comités sportifs, membres d’un collectif regroupant les comités bas-rhinois et haut-rhinois d’aïkido, de handball, de rugby, de tennis ainsi que le District de football d’Alsace, les comités bas-rhinois d’athlétisme et de boxe française dans une tribune publiée dans la presse le 15 juin 2021 ont déploré « une perte de temps et d’énergie pour l’organisation de structures à une échelle démesurée […] générant des déplacements de plusieurs centaines de kilomètres hors de portée des sportifs et des bénévoles », mais aussi « des surcoûts considérables […], des services de proximité qui ne sont plus assurés, une démotivation de (leurs) bénévoles […]. »
« Nous sommes nombreux à ne pas vouloir subir plus longtemps ces grandes ligues qui étouffent nos initiatives et génèrent des problèmes dont nous pourrions nous passer. Le sport alsacien doit se libérer de ces carcans inadaptés pour retrouver un nouveau souffle », assurent également les présidents signataires.
Nous rappelons que l’article 5 de la loi Alsace stipule que « les ordres professionnels et les fédérations culturelles et sportives agréées peuvent créer des organes infra-régionaux à l’échelle de la Collectivité européenne d’Alsace » et que le Code du sport (annexe I-5) permet déjà aux disciplines de mettre en place des organisations sportives issues de la volonté des acteurs de terrain, en lien avec leur fédération.
Il est clair que la loi Alsace a été perçue comme une résonance forte aux aspirations des sportifs et des bénévoles alsaciens confrontés à de nombreuses difficultés depuis la réorganisation des disciplines à l’échelle régionale du Grand Est.
Nous, élus de la Collectivité européenne d’Alsace réunis ce jour en Conseil plénier de notre assemblée :
• rappelons la déclaration finale des accords de Matignon qui mentionne que « le gouvernement a entendu et compris le désir d’Alsace exprimé par les Alsaciens et leurs élus, (qu’) il est l’accompagnateur de sa traduction institutionnelle ». Accords qui affirment en outre que « l’Etat doit être un « accélérateur des coopérations volontaires » (dont le) rôle est d’accompagner et de faciliter les initiatives locales émanant des territoires, largement partagées par les parties prenantes et soutenues par la population ».