Question n° 20518 adressée à M. le ministre des solidarités et de la santé
04/02/2021
Texte de la question : Mme Laurence Muller-Bronn interroge M. le ministre des solidarités et de la santé sur la prise en charge des nouveaux traitements de la migraine sévère et réfractaire. Jusqu’à présent, les traitements utilisés en prévention de la migraine ont une efficacité limitée qui atteint rarement 50 % de réduction de la fréquence des crises, avec un taux élevé d’effets indésirables conduisant souvent les patients à l’interruption des traitements. Une nouvelle classe de médicaments appelés antagonistes du peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP) et commercialisés sous le nom d’Aimovig par le laboratoire Novartis ou Emgalité par le laboratoire Lily ont été reconnus comme des médicaments représentant une avancée majeure pour la prise en charge de la migraine sévère. L’expérimentation conduite au centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille a obtenu « des résultats spectaculaires dans plus de 70 % des cas » selon les neurologues les ayant prescrits dans ce cadre. Évalués par la commission de transparence de la haute autorité de santé, ces traitements ont en outre reçu un avis favorable au remboursement. Néanmoins, l’absence d’essai thérapeutique nécessaire à la cotation d’amélioration du service médical rendu (ASMR) a eu pour conséquence in fine de les exclure du remboursement par la sécurité sociale. Or, ils seront mis à disposition en France au cours de ce premier trimestre 2021 dans certaines pharmacies hospitalières (et non dans les officines à destination du grand public), sous forme d’injections coûtant 400 à 600 euros par mois.
Cette situation pénalise lourdement les 50 000 patients souffrant de formes très sévères de migraines, alors qu’ils sont disponibles et pris en charge par les systèmes d’assurance maladie dans plusieurs pays européens (Allemagne, Espagne, Italie, Luxembourg, Suisse, Belgique, Danemark, Slovaquie). Les patients français qui le peuvent s’approvisionnent aujourd’hui dans les pharmacies de ces pays. Au regard du coût pour la société, qui se chiffre notamment en millions de journées d’absentéisme au travail, il semble que le remboursement de ces traitements, certes coûteux, serait économiquement plus judicieux. Par conséquent, elle souhaiterait connaître les solutions envisagées par le Gouvernement et notamment la mise en œuvre de nouvelles négociations avec les laboratoires concernés, afin d’inclure ces traitements dans les remboursements de la sécurité sociale.