Commission d’enquête McKinsey : un scandale d’Etat

Le Sénat a révélé l’ampleur des dépenses, des pratiques et de de l’influence des cabinets de conseil dans les stratégies du gouvernement durant le dernier quinquennat.  

En 2021, l’État a dépensé plus d’un milliard d’euros en prestations de conseil.

Ces dépenses ont plus que doublé depuis 2018, ce qui interroge à la fois notre vision de l’État et de sa souveraineté face à des cabinets privés et la bonne utilisation de nos deniers publics.

Ce n’était en réalité que la face émergée de l’iceberg : les cabinets de conseil interviennent sur des secteurs entiers des politiques publiques, dans l’opacité la plus totale (réforme des APL, réduction des délais d’instruction des demandes d’asile, États généraux de la justice, etc.).

Les chiffres montrent un recours croissant et non maîtrisé aux consultants, qui imposent leurs méthodes de « transformation » à l’administration (post-it, paperboards, jeux de rôle, etc.). Les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, comme le montre le rapport de McKinsey sur l’avenir du métier d’enseignant, pourtant facturé 496 800 euros.

Le Sénat a enquêté pendant 4 mois sur ce phénomène tentaculaire, en organisant 40 auditions, dont 22 sous serment, et en recueillant plus de 7 000 documents confidentiels. L’objectif de cette investigation est clair : en finir avec l’opacité.

Après quatre mois d’investigation et 7 300 documents recueillis, la commission d’enquête démontre que des pans entiers des politiques publiques ont été sous-traités à des cabinets privés : crise sanitaire, réforme de l’aide juridictionnelle, radars routiers, évaluation de la stratégie nationale de santé… Le recours aux consultants est ainsi devenu un réflexe pour un État qui donne parfois l’impression qu’il « ne sait plus faire », malgré le dévouement de ses propres agents.

Bien que discrète, l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques est avérée. Les consultants proposent des solutions « clés en main » aux décideurs, que les agents publics sont sommés de mettre en oeuvre.

Au terme de cet exercice de transparence démocratique, la commission d’enquête formulent 19 propositions pour en finir avec l’opacité des prestations de conseil, mieux encadrer le recours aux consultants, renforcer les règles déontologiques applicables et mieux protéger les données de l’État.

avec l’opacité des prestations de conseil, mieux encadrer le recours aux consultants, renforcer les règles déontologiques applicables et mieux protéger les données de l’État.

Le rapport du Sénat : http://www.senat.fr/rap/r21-578-1/r21-578-1-syn.pdf

Mise à jour : le siège français de McKinsey perquisitionné dans le cadre d’une enquête pour blanchiment de fraude fiscale
Cette perquisition entre dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte le 31 mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée, à la suite du rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques.